Robot, assistance vocale, traduction instantanée, reconnaissance visuelle, planification et apprentissage automatisés, opération boursière, voiture autonome… en s’appliquant à ces domaines et à bien d’autres, les innovations liées à l’intelligence artificielle sont déjà ultra présentes dans les coulisses de notre quotidien. Mais ses avancées génèrent aussi des possibilités de dérives contre lesquelles les communautés de scientifiques se mobilisent.
Quelle définition pour l’intelligence artificielle ? « L’intelligence artificielle est une discipline scientifique recherchant des méthodes de résolution de problèmes à forte complexité logique ou algorithmique. Par extension elle désigne, dans le langage courant, les dispositifs imitant ou remplaçant l’humain dans certaines mises en œuvre de ses fonctions cognitives » précise Wikipedia.
Pour les chercheurs en sciences numériques de l’Inria, l’intelligence artificielle n’est qu’un mot-clé qui englobe 8 grands sous-domaines :
- Connaissances (bases de connaissances, web sémantique, ontologies, etc.)
- Apprentissage automatique (apprentissage supervisé, réseaux neuronaux, analyse de données massives, etc.)
- Traitement du langage naturel
- Traitement des signaux (parole, reconnaissance et localisation d’objets, reconnaissances d’images, etc.)
- Robotique dont les véhicules autonomes
- Neurosciences et sciences cognitives
- Algorithmique (programmation logique, raisonnement causal, planification, etc.)
- Aide à la décision
Des applications déjà très concrètes
La voiture autonome est sans doute l’une des manifestations actuellement les plus manifestes de l’IA pour l’évolution de notre quotidien. BMW en a donné un exemple au CES 2017 avec son concept car i Inside Future, imaginé pour rouler dans les 5 à 10 ans.
Aujourd’hui, dans le retail, le machine learning est régulièrement mis au service du choix des clients ou de l’analyse de leurs comportements. Les robots sont expérimentés pour prendre en charge leur accueil ou suppléer les personnels dans plusieurs secteurs d’activité. Quant à la reconnaissance vocale, elle fait partie de nos outils, facilement accessibles depuis un smartphone. En fait, comme le résume BPI France dans une infographie, l’intelligence artificielle est déjà partout.
L’IA est-elle une menace ?
En 1997, soit 40 ans après les premières intuitions du mathématicien Alan Turing, une machine a réussi à battre le multiple champion du monde d’échecs Garry Kasparov. En 2016, le programme AlphaGO de Google DeepMind a démontré par de nombreuses victoires sa supériorité et sa capacité d’auto-apprentissage face aux stars de la planète.
Le potentiel de ces avancées technologiques comparé aux capacités de réflexion humaines pose évidemment de grandes questions, et donne lieu à de nombreux débats et prises de position. L’Inria en mentionne quelques-uns :
- Améliorer les capacités physiques et intellectuelles humaines avec les nouvelles technologies est-il un progrès ou un danger pour l’humanité ?
- Les robots tueurs et armes autonomes, capables de fonctionner sans intervention humaine ont créé une levée de bouclier de la part de chercheurs renommés et de personnalités comme Stephen Hawkins (astrophysicien britannique), Elon Musk (impliqué dans les projets SpaceX, Tesla Motors ou SolarCity) ou Steve Wozniak (informaticien, co-fondateur d’Apple).
- Comment maîtriser le trading haute-fréquence et les risques de crise financière ?
- Quel respect pour les données à caractère personnel ?
- Quel sera l’impact socio-économique des robots ?
Loin d’être des débats prospectivistes, l’impact de l’intelligence artificielle est d’ores et déjà palpable et justifie ces interrogations, comme le synthétise en quelques chiffres BPI France.
Pour une éthique de l’intelligence artificielle
Concevoir, encadrer l’IA, créer des règles éthiques pour la recherche et les applications qui peuvent en découler est le sujet à l’ordre du jour, au sein de l’Inria et aussi pour une grande majorité de chercheurs.
Lors de la conférence Beneficial AI organisée par l’association Future of Life en janvier dernier, plus de 2 000 personnes (parmi lesquelles encore Stephen Hawkins ou Elon Musk) et 900 chercheurs se sont mis d’accord sur 23 principes pour encadrer le développement de l’intelligence artificielle. Ils prônent entre autres :
- La recherche pour le développement d’une intelligence bénéfique
- La sécurisation des IA
- La responsabilisation morale des concepteurs et constructeurs d’IA
- Des développements en accord avec les idéaux de la dignité, des droits et des libertés de l’homme, ainsi que de la diversité culturelle
- Des développements au service du bien de l’humanité versus celui d’un état ou d’une organisation privée
Sources : Inria, Cité des sciences et de l’industrie, Numerama, BPI France,
