Les services financiers sont concernés au premier chef par la Blockchain avec ses smart contracts et ses transactions à frais réduits. La remise en cause de la banque traditionnelle n’est pas encore pour demain, mais peut-être pour après-demain. Un risque qui est anticipé grâce à des expérimentations et des collaborations avec les jeunes entreprises innovantes.

Les transactions financières sont contraintes par des règlementations très strictes. C’est à la fois un handicap et un avantage pour les organismes financiers. Dans le premier cas, la Blockchain, ses premières applications et la réduction des frais opérationnels sont apparus comme un moyen et un bon argument pour contourner ces tiers de confiance.

Dans le second, grâce aux règlementations, l’ensemble des produits proposés par les organismes bancaires et assurances est encore protégé.

La complexité des systèmes financiers, les aspects juridiques et les limites technologiques de la Blockchain jouent aussi – encore – en la faveur de ces structures classiques : « seules 7 transactions par seconde maximum sont aujourd’hui possibles sur toute la Blockchain Bitcoin, loin des milliers du réseau Visa » souligne Blockchain France. Et on pourrait rajouter que la manipulation de crypto-monnaies et des transactions via la Blockchain est encore loin d’être aussi simple pour le grand public que l’utilisation d’une carte bancaire.

Les start-up FinTech, l’avenir des banques traditionnelles ?

La menace n’est pas immédiate mais estimée réelle d’ici 5 ans. Les start-up de la Fintech montent en puissance et leurs innovations engagent sérieusement l’avenir des services financiers traditionnels selon une étude PwC. Leurs pertes de part de marchés pourraient atteindre 21 à 28 %. Les blockchains font parties de ces risques si ces services « se reposent sur leurs lauriers » selon l’expression d’un responsable PwC et s’ils n’échangent pas avec les jeunes entreprises innovantes.

La majorité (57% selon PwC) reste encore frileuse mais de grandes institutions ont déjà créé ce type de rapprochement. Le LaBChain de la Caisse des Dépôts en France en est une illustration, de même que l’alliance autour de la Fintech US R3. Elle regroupe 75 organismes financiers (Barclay, JP Morgan, UBS, BNP Paribas,…) autour du potentiel des registres distribués.

LaBChain : Le laboratoire collaboratif de la Caisse des Dépôts

Depuis décembre 2015, la Caisse des Dépôts a pris le problème à bras le corps pour faire réfléchir ensemble plusieurs types d’acteurs de l’écosystème grâce au LaBChain, un espace d’expérimentation. Fort de 19 partenaires, il fédère à la fois des sociétés assurances (Aviva, La Maif, etc.), des banques (Groupe BPCE, La Banque Postale…), des start-up de la Fintech (Cellabz, Blockchain France…) et des organismes régulateurs (Banque de France, Autorité des Marchés Financiers…), chargés de mettre en commun des ressources et de tester de nouveaux modèles de services. Les priorités sont centrées sur les usages BtoB et les questions éthiques et règlementaires qu’ils posent.

L’expérimentation Blockchain en Suisse

Les très renommés établissements financiers helvètes sont-ils prêts à passer à la robotisation des transactions ? C’est en tout cas pour les convaincre du potentiel de ce système que le projet OTC Swiss Blockchain a vu jour. Il s’agit là aussi d’une plate-forme d’expérimentation que les organismes peuvent utiliser, dans un 1er temps pour les échanges d’actions suisses uniquement. Ce logiciel prototype est basé sur une blockchain privée Ethereum et attend l’aval des autorités de régulation pour être officialisé.

En attendant, les consommateurs suisses peuvent eux aussi déjà se familiariser avec la Blockchain et le Bitcoin. Et quasiment au coin de la rue. Les gares suisses proposent depuis l’automne 2016 la possibilité de recharger un portefeuille Bitcoin à partir d’un smartphone et des distributeurs de billets de train CFF. Actuellement 14 points de vente sur le territoire suisse acceptent cette monnaie virtuelle.

Sources : Le Temps, JDD, Finyear, Blockchain France, emedia