Le secteur de la construction se rode à la data et au Cloud computing avec les maquettes numériques et les drones utilisés pour optimiser les chantiers. Et les gains potentiels de productivité ont rapidement convaincu la filière du BTP qu’elle devait embrasser les technologies digitales.

Le BIM (Building Information Modeling) et la maquette numérique (représentation 3D du projet) des bâtiments bouleversent à marche forcée les métiers du BTP : architecte, maître d’ouvrage, ingénieur, bureau d’étude, maître d’œuvre, gestionnaire de patrimoine.

Pour accélérer l’arrivée d’une génération de bâtiments efficients, de la conception, à la construction et tout au long de leur exploitation, le parlement européen a encouragé les pouvoirs publics des membres de l’UE à prendre des mesures incitatives. En France, dans le cadre du Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB), dès cette année, le BIM est fortement recommandé sur les marchés publics de la construction.

Une transition rapide vers le BIM

Le BIM permet de centraliser toutes les données physiques, fonctionnelles, 3D, 4D,  5D, 6D et 7D d’un projet de construction ou de rénovation et de faire collaborer tous ses acteurs.  C’est bien l’entrée dans de nouvelles dimensions qui marque ce passage au numérique pour le secteur, le BIM 5D, 6D et 7D se rapportant respectivement aux paramètres financiers, de développement durable, à l’utilisation et maintenance du bâtiment. À la clé, les réductions des coûts de construction peuvent être substantiels, jusqu’à 10% de la valeur des contrats et les marges d’erreur réduites à moins de 3%.

La montée en compétences des équipes reste un challenge et c’est un des thèmes majeurs du salon BIM World qui s’ouvre aujourd’hui à Paris. Mais les arguments en faveur des gains de productivité motivent les différents métiers de la filière à se former. Dompter ce nouveau modèle de processus et l’IT nécessaire implique la maîtrise des logiciels, la gestion associée, les méthodes de travail collaboratif et un système de stockage de données adéquat.

Même s’il reste un long chemin à parcourir pour les petites entreprises, en France,  le taux d’adoption du BIM en 1 an, toutes catégories d’acteurs confondues est passé de 27 à 35%, pour les projets d’ampleur mais aussi de petites tailles, selon Médiaconstruct, l’association pour la promotion du PTNB.

Le suivi de chantier en images et en data avec les drones

Avec le BIM, les drones civils sont aussi une application des nouvelles technologies qui s’inscrit rapidement dans les processus des chantiers de construction, mariant les contraintes du terrain avec les avantages de la robotique. Les chiffres KPMG (étude Global Construction Survey : Building a technology advantage)  ci-dessus montrent que cette pratique s’est déjà frayé un large chemin.

En 2016, Caterpillar s’est associé à la start-up française RedBird spécialisée dans l’acquisition de données générées par voie aérienne. En misant sur cette innovation, le constructeur de véhicules entend offrir à ses clients de nouveaux services axés sur les données pour optimiser leurs opérations telles que la gestion de stock de matériel ou l’optimisation des pistes d’accès. Caterpillar a également récemment investi dans une jeune entreprise californienne spécialisée dans les logiciels et l’exploitation de données issues des drones.

Les drones sont aussi utilisés pour la cartographie, les relevés topographiques des sites de construction ou miniers, avec une précision et une rapidité très nettement supérieures à celle d’une équipe de terrain. Pour gérer le flux de donnée recueillies, la société Identified Technologies a développé une solution logicielle, hardware et Cloud spécifique, baptisée eeDaaS (end to end Drone as a Service).

John Deere s’est inscrit cette année dans la même mouvance que Caterpillar et Identified Technologies. Le fabricant américain de matériel agricole a noué un partenariat avec Kespry, qui apporte son expertise en matière de drone, de plate-forme Cloud,  de solution logicielle pour la topographie et de data analytics.

En 2017, toutes utilisations confondues, la vente de drones commerciaux dans le monde est estimée à 174 000 unités et à des revenus de plus de 3,6 milliards de dollars selon Gartner.