Si le marché du reconditionné séduit de plus en plus de particuliers, les entreprises restent encore timides. Pour mieux les convaincre, les spécialistes de l’occasion créent de nouveaux services et insistent sur la fiabilité de leurs solutions.
En 2017, deux millions de smartphones vendus en France étaient reconditionnés, soit 10% du marché. Un chiffre encore négligeable il y a quelques années, et qui a presque doublé en seulement deux ans. Moins chers, plus écologiques : les produits informatiques d’occasion semblent donc en passe de conquérir les particuliers. Dans les entreprises, par contre, la percée est moins évidente. Le dernier baromètre des pratiques Green IT des entreprises en France, publié en 2017, affichait des résultats assez faibles puisque seulement 28% des sociétés interrogées avaient eu recours à l’achat de matériel reconditionné.
Des exigences d’homogénéité et de fiabilité
Pourtant, à l’instar de BackMarket ou Remade pour les particuliers, le marché du reconditionné pour entreprises ne manque pas d’acteurs spécialisés. Trade Discount, plateforme initialement dédiée à la vente de matériel reconditionné au grand public, a lancé son portail « pro » afin de répondre à la demande en la matière. Parmi ses 45 000 clients, de grandes entreprises comme TNS-Sofres ou des associations caritatives comme Les Restos du Cœur, séduites par une offre qui s’aligne sur les garanties du neuf (jusqu’à trois ans) avec des tarifs divisés par deux.
Mais, pour une entreprise, les enjeux de l’occasion dépassent parfois ceux de la réduction des coûts. Si, pour une PME, investir dans du reconditionné ne comporte aucune contrainte particulière, les choses se compliquent lorsqu’il faut faire appel à de gros volumes. La question de l’homogénéité du parc (avoir les mêmes systèmes d’exploitation, avec les mêmes capacités techniques…) vient alors s’ajouter à celle, toujours prégnante, de la fiabilité sur le long terme.
Serveurs, robots, etc.
Le mouvement semble toutefois s’enclencher aussi du côté des grands groupes. L’exemple de la BRED Banque Populaire qui a confié au groupe spécialisé dans le recyclage de matériel informatique ATF Gaia, en 2016, le déploiement et la masterisation (installation et paramétrage des applications) de 1 447 unités centrales sur 270 sites en Île-de-France et en Normandie, en constitue une preuve. D’autant que le partenariat se poursuit cette année avec le déploiement de 1 300 tablettes, elles-aussi reconditionnées.
Dans d’autres secteurs, les serveurs de données, mais aussi les robots industriels (l’Allemand Kuka propose certaines de ses machines 20 à 30% moins cher pour atteindre de nouveaux marchés) ou les terminaux de paiement pour le commerce physique (une spécialité de l’entreprise française Codéo, qui prolonge la durée de vie de ces équipements) commencent à être concernés par cette question de la durabilité. Une urgence dans la mesure où on estime que, sur les 2,5 millions d’ordinateurs jetés par les entreprises chaque année, près de la moitié fonctionnent encore.