Avec son école IA, Microsoft veut permettre à des profils atypiques, parfois fragilisés ou éloignés de l’emploi, d’intégrer une filière d’avenir. Parmi les publics visés, les femmes, encore peu représentées dans le secteur numérique.
L’école IA est d’abord un pari, tenté par Microsoft et Simplon (organisme spécialisé dans les formations inclusives). « Nous avions déjà mis en place ensemble des sessions de pédagogie autour du code, à destination des enfants ou de publics fragiles. Très vite, nous avons eu l’intuition que l’Intelligence Artificielle allait incarner une tendance forte et créer des métiers en tension », raconte Béatrice Matlega, responsable de la politique de citoyenneté chez Microsoft. D’où l’envie de créer une structure agile qui forme des profils atypiques à des emplois qui n’existent pas encore. Des initiatives similaires ont également été menées autour d’autres structures, comme à la Wild Code School, où Econocom et Digital Security ont parrainé récemment la première promotion 100% féminine sur la cybersécurité.
La parité en tête des priorités
L’école IA, quant à elle, a inauguré sa première promotion en 2018, avec un recrutement basé sur des principes simples : « La formation est gratuite, ouverte aux demandeurs d’emploi quels que soient leur âge et leur parcours. Notre seule exigence concerne la motivation du candidat, son sens logique et une certaine appétence pour les mathématiques », explique Béatrice Matlega. Chaque promotion compte 24 élèves sélectionnés en plusieurs étapes (test puis entretiens) parmi 150 candidatures, en moyenne.
Autre critère ancré dans l’ADN de l’école : la parité. À l’origine, chaque promotion devait intégrer 50% de femmes, mais en 2019 une des promotions affiche un taux de 80%. « Nous avons volontairement décidé de forcer le trait, ce qui a nécessité un travail en amont, avec Pôle Emploi et les réseaux spécialisés, pour trouver les candidates, puis organiser une pré-formation accélérée qui permettent à certaines d’entre elles de monter en compétences », poursuit Béatrice Matlega.
Intégrer tous les publics fragiles
Le combat est pourtant loin d’être gagné. En moyenne, les promotions de l’école IA accueillent un tiers de femmes. Pas de quoi décourager Béatrice Matlega : « Il y a des barrières à l’entrée, parce qu’il faut leur donner de l’assurance, les aider à concilier vies personnelle et professionnelle. Mais, une fois qu’on leur a donné les clés, elles s’en sortent aussi bien que les autres. » Ainsi, dans la promotion la plus féminine, aucune candidate n’a abandonné en cours de route.
Microsoft et Simplon vont donc poursuivre l’effort engagé pour intégrer les publics minoritaires. En 2020, l’école IA (avec l’aide de l’association Compéthance) espère accueillir une quinzaine de personnes atteintes du syndrome d’Asperger dans une promotion élargie. « Il y a un vrai problème d’accès à l’emploi pour ces profils à l’intelligence atypique. Notre objectif est simplement de prouver que ça marche quand on applique la pédagogie adaptée et que ça apporte un plus aux entreprises », tranche Béatrice Matlega. La première promotion de l’école IA qui vient de terminer ses 19 mois de formation a en tout cas livré un premier verdict encourageant : sur les 24 élèves, 20 ont été embauchés en CDI.