Réticents aux changements les Français ? Le télétravail prouve le contraire et l’Hexagone serait en tête des pratiques en Europe. En parallèle, la législation sur la flexibilité des lieux et des horaires de travail est moins encline aux disruptions. La nouvelle Loi Travail devrait apporter une modernisation des principes. Affaire à suivre…

Les technologies digitales sont des leviers pour développer le télétravail dans les organisations. Et la majorité des Français est favorable à ce type de flexibilité. 61% des salariés sont intéressés par le télétravail, un quart d’entre eux a déjà l’opportunité de le pratiquer, entre autres en Ile-de-France (31%) et pour les cadres (41%). Mais là encore, la parité n’est pas d’actualité selon une enquête Revolution@Work/Ipsos. En effet, les hommes sont les plus nombreux (30%) à bénéficier de ce mode tandis que les femmes ne plafonnent qu’à 18% alors qu’elles sont plus motivées que leurs homologues masculins (46% vs 35%).

Éviter les trajets domicile-travail est le 1er atout avancé. Il est doublé, comme le montre la synthèse ci-dessous du souhait de pouvoir travailler hors des grands centres urbains. Étonnamment la qualité de vie, le bien-être n’arrivent qu’en seconde position, l’augmentation de l’efficacité et de la productivité au 3e rang.

Les outils numériques conditionnent la maturité pour le télétravail

Malgré les rapides évolutions des technologies comme le Cloud, les CRM ou le SaaS, pour travailler hors les murs, le télétravail en France n’a acquis ses vraies lettres de noblesses juridiques  que depuis 2012. En 4 ans, les entreprises hexagonales se sont, elles, rapidement emparées de la formule. La France est même en pointe, devant l’Allemagne et le Royaume Uni, avec un taux d’acceptation de plus de 70% selon l’enquête européenne Wrike. Et l’Hexagone bénéficie de cette position de leader grâce à son avance sur l’adoption des outils de productivité et de collaboration.

À chaque organisation sa recette du télétravail

Les grandes entreprises et celles rôdées au numérique ont bien sûr plus de facilités à mettre en œuvre ce type de mesures grâce à des services RH mobilisés et à la capacité à déployer des outils pour gérer à distance  la communication, la portabilité des applications métiers et des documents. Mais chaque organisation adapte le télétravail selon des critères spécifiques.

Au sein du groupe Econocom, avec le programme Share, destiné à améliorer la qualité de vie au travail, les collaborateurs disposent de plusieurs options pour bénéficier de flexibilité, le recours au télétravail régulier 1 à 2 jours par semaine, le télétravail ponctuel ou le temps partiel choisi.

Chez Thalès, Microsoft France ou BNP Paribas, la gestion du télétravail se fait sur mesure et/ou après des périodes tests. Chez Thalès (34 000 collaborateurs, 70 sites en France), le télétravail se décline sur 1 ou 2 jours hebdomadaires, avec un quota limité à 8% ou 10% des effectifs pour garantir la cohésion sociale. Depuis 2013, chez Microsoft France, grâce à des ateliers internes, les principes du télétravail ont généré des évolutions du management et des locaux. 20% des collaborateurs sont concernés, particulièrement ceux confrontés aux décalages horaires avec leurs interlocuteurs à l’étranger. Pour le groupe bancaire BNP Paribas, 2 expérimentations triennales permettent d’élargir progressivement le modèle à un nombre de plus en plus important de salariés, avec un réaménagement des locaux qui s’y prêtent.

Que dit la nouvelle loi Travail sur le télétravail ?

La loi dite El Khomri en matière de télétravail, elle n’a pas – encore – apporté de changements. Le législateur a préféré ouvrir une concertation nationale dès la fin 2016 avec les différents partenaires sociaux pour moderniser certains principes des accords datant de 2005.  Les résultats de ces négociations seront connus sans doute dès la fin du 1er trimestre cette année.