Deux mondes, celui des objets connectés de quantified self et celui des recherches en santé avec l’exploitation des données numériques se sont mis parallèlement en marche depuis une dizaine d’années. Avec pour finalité d’appliquer les progrès des technologies numériques au bien-être et à la médecine de demain.
La mode du quantified self est-elle un atout l’e-santé ? À défaut d’apporter une réponse, les accessoires connectés et leurs applications souvent ludiques, très médiatisés depuis 3 ans, nous ont familiarisés avec l’idée de recueillir nos données biologiques, de les stocker à distance pour mieux les comparer ultérieurement, voire aussi de les partager.
Les trackers d’activité fitness et tout l’éventail d’objets connectés pour le bien-être ont en effet suscité à partir de 2014 un véritable engouement. Actuellement, 2 acteurs dominent un marché qui perd un peu de tonus depuis 1 an : Fitbit pour les bracelets (75% des parts de marché selon Kantar) et Apple pour ses montres (50% de parts de marché).
Les dispositifs personnels pour la prévention et la surveillance médicale ont aussi suivi cette vague technologique, avec des marques phare, françaises par exemple comme Withings désormais intégré à l’écosystème Nokia ou Visiomed (ci-dessous le Thermo Withings et le tensiomètre connecté MyTensio de Visiomed).
Les professionnels de santé adeptes du quantified self
Même les médecins sont des utilisateurs réguliers de ces accessoires, à titre personnel pour 25% d’entre eux afin de suivre leurs activités physiques, leur sommeil ou leur poids selon une enquête Health Institute (Withings) et MACSF (assureur).
Dans leur cabinet, l’usage des objets connectés sert principalement aux électrocardiogrammes (ECG), à la surveillance de la tension et de la glycémie et principalement pour établir un diagnostic et effectuer un suivi à distance.
Les médecins sont également nombreux à penser que les objets connectés contribuent à l’amélioration de la prévention, au repérage rapide d’épidémie ou à l’identification de facteurs de risque. Mais, entre autres par manque de confiance dans la sécurisation des données dans le Cloud, ils sont peu (8%) à conseiller à leurs patients l’utilisation de dispositifs connectés. Lorsqu’ils le font, leur choix se porte essentiellement sur des glucomètres puis sur les tensiomètres, les trackers d’activité et de sommeil, les balances, oxymètres et ECG.
Le big impact du Big Data en santé
Le 3 avril prochain sera lancé le Système national des données de santé (SNDS). Ce méga fichier des données de santé anonymisées des Français constitue une initiative unique en Europe avec 1 milliard d’actes enregistrés chaque année. Son objectif est d’exploiter ces données pour évaluer les politiques de santé, les dépenses, améliorer les parcours de soins et la vigilance sanitaire. Le SNDS est une des manifestations de la puissance du Big Data dans le secteur. Bien avant cette nouvelle exploitation, le Big Data a fait son entrée dans le secteur des recherches sur le génome humaine, les études cliniques, épidémiologiques, les diagnostics.
A terme, optimisés par l’intelligence artificielle, le Big Data et l’Open Data vont bouleverser les systèmes de dépistage, les protocoles de traitement et le suivi individualisés des patients, leur système d’assurance. Les applications mobiles et les assistants personnels, la télémédecine sont amenées à se généraliser. La science des données va croiser l’intérêt du grand public au quotidien.
Et la croissance du marché de la donnée en santé apparait florissante. Elle est estimée à + 25% par an d’ici 2020 selon HealthInnov/Les Echos. D’ici 5 ans, ce marché pourrait représenter quelque 34 milliards d’euros dans le monde selon Research&Report.