L’intelligence artificielle (IA) est largement appliquée à la santé. Pour l’analyse des connaissances, les diagnostiques, les orientations thérapeutiques ou la robotique chirurgicale, les capacités numériques font chaque jour un peu plus leurs preuves. Et maintenant, elles se déclinent en version grand public avec des applications mobiles de suivi très élaborées.

intelligence-artificielle-santé_une

Demander des diagnostics santé en illimité à son smartphone pour 4,90 euros par mois, c’est désormais possible grâce aux algorithmes de BewellConnect du groupe Visiomed. Déjà en service, l’application mobile propose au grand public un système expert d’évaluation médicale basé sur l’intelligence artificielle.

Fièvre, douleur, tension ou glycémie trop hautes, malaise, blessure, etc. : vous avez un doute sur l’origine d’un symptôme, sur sa gravité, sur la réaction à avoir, vous pensez pouvoir vous soigner par automédication : en quelques clics et questions/réponses,  bw Check-Up, le médecin virtuel de votre smartphone vous indique une piste de diagnostic, vous rassure et vous conseille, ou vous dirige vers un service de soins adapté. L’application peut aussi vous alerter automatiquement en cas de relevé anormal et elle est aussi à même de transférer un compte-rendu à votre médecin traitant.

IA-santé-visiomed

Loin d’être un nouveau gadget, ce service de consultation virtuelle a été développé par Medvir avec une équipe d’experts urgentistes, testé dans les hôpitaux et il est utilisé par SOS Médecins. Les données personnelles recueillies sont anonymisées et leur hébergement, en France, est agréé par Ministère de la santé.

Comme pour nos forfaits téléphoniques et data, le service fonctionne sur abonnement, de 4,90 euros à 19,90 euros par mois, avec des formules plus ou moins complètes : consultation virtuelle uniquement, recours à un médecin en ligne 24h/24 et 7j/7 ou les deux options cumulées. Après la vague du quantified self, BewellConnect ou le robot conversationnel de diagnostique MedWhat conçu à l’Université de Stanford sont des exemples de ce que la magie des algorithmes et du digital grand public peut apporter dans le secteur de la santé. Et bien évidemment, ce n’est qu’une infime partie de l’iceberg.

IA-medwhat

Connaissance et diagnostique : les super pouvoirs de l’IA en santé

Compiler, croiser, analyser les publications scientifiques, (26 millions de références, 3 000 nouveaux articles indexés quotidiennement dans la base de données PubMed) et toutes les données médicales d’un patient est hors de portée pour un humain. On le sait, les puissances de calcul pallient les limites de notre cerveau. Pour la santé, l’intelligence artificielle est apte à émettre des hypothèses diagnostiques et thérapeutiques avec, selon les exemples régulièrement médiatisés, une pertinence égale ou supérieure à celle des médecins.

C’est l’ère de la « data driven medicine » selon l’expression du Pr Lovis, médecin chef aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) en Suisse. Scientifiques et professionnels de santé s’inclinent. En évoquant le système d’IA Watson d’IBM, un autre spécialiste suisse en cybersanté et télémédecine  loue son potentiel : «capable de reconnaissance de langage, il peut analyser un corpus, des statistiques et scanner tout l’internet. Avec cet outil, on dépasse des barrières que l’on croyait infranchissables». Ce domaine focalise l’attention de tous géants du digital comme Google et son IA DeepMind Health, axé entre autres sur le cancer.

 

 

« L’ordinateur l’a emporté sur la subtilité humaine du médecin» confirme un généticien de l’Inserm en France, après avoir souligné que le phénomène n’est pas récent en matière de génomique,  « depuis des années, les big data ont pris la place d’autres méthodes épidémiologiques, le quantitatif domine sur le qualitatif dans l’analyse génétique ».

 

La montée en puissance des robots-chirurgiens

C’est aussi dans les blocs opératoires que l’IA brille par ses capacités. Aux USA, 1 intervention chirurgicale sur 3 sera effectuée par des robots d’ici 5 ans, soit 2 fois plus qu’en 2016 selon les informations de l’agence Reuters.

Dans l’Hexagone et en Europe, la robotique chirurgicale est aussi une réalité dans plusieurs centres hospitaliers. Rosa™, le robot français de la société MedTech (désormais sous pavillon américain), guidé par un vrai chirurgien, intervient lors d’interventions ultra délicates sur le cerveau ou la moelle épinière. « La robotique est capable d’apporter une vision supplémentaire aux chirurgiens et ainsi leur permettre la pratique de la chirurgie mini invasive […] La robotique chirurgicale n’est pas une innovation technologique, c’est une innovation d’usage » précise l’un des responsables MedTech.

©PHOTOPQR/L'ALSACE/Dominique Gutekunst ; STRASBOURG LE 03/04/12 - Présentation robot chirurgical Rosa d’assistance aux gestes médico-chirurgicaux .

©PHOTOPQR/L’ALSACE/Dominique Gutekunst ; STRASBOURG LE 03/04/12 – Présentation robot chirurgical Rosa d’assistance aux gestes médico-chirurgicaux .

La technologie est encore très onéreuse (environ 500 000 euros pour  le robot Rosa™, 1,5 million de dollars pour les robots américains Da Vinci Surgery). Mais les concepteurs travaillent d’ores et déjà sur des solutions de robotique pour la santé plus accessibles.

Sources : Digital For All Now, Planète Santé, Sciences et Avenir/Patient, Sciences et Avenir/DeepMind, Reuters, emedia, Techniques de l’ingénieur