Dans le quartier de La Défense comme à Valenciennes ou Mexico, la sécurité urbaine devient une question d’infrastructure technologique et d’algorithme. Grâce aux nouvelles plateformes numériques pour gérer les réseaux de vidéosurveillance, analyser et exploiter les flux de données, ou alerter des forces de l’ordre connectées, la protection des citoyens a pris, elle aussi, le virage du digital.

La transition de la Smart City à la Safe City passe par la capacité à exploiter en temps réel les grands volumes de données d’une ville connectée. Le croisement de données hétérogènes issues des spots WiFi, des réseaux de vidéosurveillance, de systèmes de gestion à distance de sécurité routière ou de l’éclairage intelligent est à même de renforcer la sécurité urbaine.

C’est ce besoin de transversalité qu’a défendu une responsable d’une des filiales “Smart City” du groupe Engie lors du dernier Milipol, salon de la sécurité intérieure des États : « la ville connectée est faite d’une part de capteurs et de logiciels et d’autre part de systèmes métiers. Chaque métier a ses propres capteurs, qui aujourd’hui s’interconnectent de manière encore trop limitée entre eux ». Cette convergence n’est pas encore une réalité, entre autres pour des principes de respect de la vie privée dans certains pays, mais les lignes bougent.

La vidéoprotection s’appuie sur le Big Data et les algorithmes

Les innovations technologiques en matière vidéosurveillance sont une des clés pour améliorer la sécurité urbaine. Pousser leurs potentiels était un vœu émis au Minipol par le directeur Stratégie et Développement Sécurité de Morpho (Safran). Toutes les technologies utilisant les capacités algorithmiques : reconnaissance faciale (limitée par la loi en France), détection de présence, d’intrusion, de véhicule et de plaque d’immatriculation, vidéo analytics (illustration ci-dessous) ou analyse de comportement faisaient partie « des systèmes plus pertinents » souhaités par le représentant de Morpho. Centralisées, plus complètes grâce, entre autres, à l’analyse d’images, les solutions “Safe City” de Thalès ou Huawei,  expérimentées avec succès dans plusieurs métropoles démontrent les avancées dans ce domaine.

La Défense et Valenciennes à la pointe des technologies Safe City

Dans le quartier d’affaires de La Défense aux portes de Paris, le projet de Safe City est porté par Thalès. Il va être expérimenté entre 2018 et 2020. Le groupe a déjà rôdé depuis 2010 sa solution à Mexico City (15 000 caméras, 22 millions d’habitants), à Strasbourg ou à La Mecque avec un réseau de surveillance utilisant le traitement vidéo, l’intelligence artificielle et le deep learning .

Au cœur du dispositif : l’exploitation de données pour alerter les opérateurs, améliorer leurs analyses et réactions en temps réel lors d’une situation jugée anormale, gérer les appels d’urgence et déployer les secours. Dans la capitale mexicaine, les temps d’intervention ont été divisés par 3 grâce à ce système, affirme Thalès. La solution vaut également pour la régulation de la circulation.

Le démonstrateur Thalès à La Défense est fondé, avec la coopération d’une quinzaine de partenaires dont la SNCF et RATP, sur un système similaire avec des caméras prédictives, des détecteurs de coups de feu ou de présence et le partage d’informations entre un centre de supervision, des policiers connectés et des relais WiFi dans les espaces souterrains.

Huawei a également développé une solution Safe City, expérimentée cette année à Valenciennes, avec un réseau de communication fixe et mobile, des caméras IP sur un réseau local et en Haute Définition, un traitement d’image pour les mouvements de foule ou la détection d’objet abandonné, et aussi un système de gestion et de fluidification de la circulation.

Sources : Industrie & Technologies, Le Parisien, Global Security Mag