Avec l’e-learning, les serious games ou les MOOCs, le secteur de la formation professionnelle a aussi entamé sa mue numérique. Acquérir des compétences avec les outils digitaux et pour l’ère digitale est devenu le mot d’ordre. C’est celui des start-ups, des pure players du digital learning, mais moins fréquemment celui des organismes de formation historiques.  Dans cette catégorie, en France, l’AFPA fait office de bon élève.

L’économie numérique engage les organisations et leurs personnels dans une révolution qui concerne aussi la stratégie de formation continue. Confrontés à une accélération et une augmentation des besoins, et à des contraintes budgétaires, les responsables RH en charge de la montée en compétences des salariés ont maintenant à disposition des solutions numériques variées, plus souples, plus rapides, plus faciles à individualiser et plus économiques.

Selon la courbe de maturité des technologies de formation (ci-dessous), l’e-learning, les MOOCs ou SPOC (Small Private Online Course), la gamification, l’apprentissage via mobile, ou le social learning sont les approches digitales bénéficiant déjà d’un fort potentiel pour la sécurisation des parcours professionnels (Roland berger – Étude ‘’Formation professionnelle et Eductech’’).

Utiliser ces nouvelles modalités, digitales ou mixtes (blended learning) est un gage d’évolution pour l’entreprise : « les organisations qui s’adaptent et investissent face aux nouveaux besoins en formation professionnelle sont plus à même d’innover» mentionne le rapport ‘’Skills for a digital world’’ de l’OCDE.

L’AFPA co-innove avec des start-ups

L’AFPA est le 1er organisme de formation professionnelle en France, devenu établissement public depuis janvier 2017. Avant ce changement de statut, l’AFPA avait déjà amorcé la digitalisation de ses contenus. L’Agence précise disposer entre autres, de quelque 200 000 ressources numériques, 50 formations multimodales, 15 serious games, 3 simulateurs immersifs, des MOOCs en cours de création.

Avec les start-ups et la plate-forme Métis, l’Agence compte aller encore plus loin dans l’innovation pédagogique et numérique. L’organisme s’est associé en 2016 avec 8 jeunes entreprises spécialisées dans l’e-learning, la personnalisation de contenus, les solutions logicielles, les serious games ou les MOOCs. Parallèlement, l’AFPA a créé Métis, une plate-forme numérique de formation, en collaboration avec Orange. Cet outil rend accessibles les formations à partir de tiers lieux. Il fournit aussi des outils d’échanges pour permettre aux apprenants de travailler seuls, en groupe, en mode synchrone ou asynchrone.

En France, la formation digitale « au milieu du gué » selon l’IGAS

L’exemple de l’AFPA est donc à suivre car l’offre de formation digitale n’est pas encore assez développée dans l’Hexagone selon le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) : « plus de 50 % des organismes privés de formation interrogés par l’observatoire de branche ne réalisaient en 2016 aucune prestation en formations digitales ». D’après le rapport Roland Berger ‘’Formation et Eductech’’, l’année dernière, 35% des salariés français ont bénéficié de formations en partie digitales, alors que la moyenne européenne atteignait 46%.

Cette situation ouvre des opportunités  pour de nouveaux entrants dans le champ de la formation continue, précise l’IGAS. Les start-ups, professionnels de l’édition ou des ressources humaines ou les services formation des organisations ou les Digital Academy d’entreprise pour la formation en interne sont à même de bousculer les modèles traditionnels.

Du côté de la typologie d’entreprises, ce sont les grandes organisations (+ de 5 000 collaborateurs) qui ont majoritairement recours à des modules digitaux, note l’IGAS.  Mais l’Institut souligne pour le début 2017 une accélération de la part consacrée aux solutions numériques dans les plans de formation pour les entités de taille moindre.

Quant aux contenus, les élaborations très ciblées semblent prendre l’ascendant sur les offres sur étagère et standard des catalogues. Selon les perspectives 2017 d’ISTF (ci-dessous), Institut des métiers du blended learning, les productions digitales internalisées (apprentissage collaboratif via une plate-forme interne ou vidéo tutorielle par exemple) et la création de contenus sur mesure par des prestataires sont les segments qui devraient connaître une forte augmentation, estimée à plus de 70%.

 

Sources : Skills for a digital world, OCDE – 2016 ; La transformation digitale de la formation professionnelle continue, IGAS – 2017 ; Formation professionnelle et Eductec, quelles stratégies à l’heure du Big Bang technologique ? Roland Berger – 2017 ; Les chiffres 2017 du digital learning, ISTF/e-doceo – 2017 ; AFPA