Les vêtements intelligents développés comme vrais wearables pour nos usages quotidiens, nos ambitions sportives ou pour les patients souffrant de maladies chroniques montrent que l’Internet des Objets est un incroyable vecteur d’innovation et aussi de croissance.
Google et la marque Levi’s font le buzz en ce moment. Ces deux partenaires ont annoncé la commercialisation d’une veste intelligente pour l’automne 2017. Grâce au revers de manche rendu tactile comme un écran de terminal mobile, vous pourrez interagir avec votre smartphone.
Le système fonctionne, et c’est la grande nouveauté, grâce à l’utilisation de fils conducteurs intégrés au tissage, le tout est résistants au lavage. Un ensemble de capteurs miniatures, clipsable sur le bouton de manchette, mais à retirer avant un passage en machine et l’envoi des commandes au smartphone par Bluetooth assurent le reste.
Les usages sont appelés à se développer mais restent à ce premier stade de développement encore restreints : activer Google Maps et suivre un parcours dicté vocalement, écouter de la musique, refuser un appel téléphonique. D’autres applications devraient rapidement voir le jour, Google Play n’étant pas avare d’idées. Dans la présentation (ci-dessous), l’intérêt est ciblé sur les cyclistes urbains. On peut imaginer que quelques-uns des 5 000 bike messengers pour la seule ville de New York City pourraient être de bons clients. Attention, en France, même à vélo, il est interdit de conduire avec des écouteurs dans les oreilles. Les sportifs (à condition de ne pas avoir de manche longue) sont aussi des cibles pour des usages de quantified self ou de géolocalisation.
Globalement, le système est ambitieux. Il tend à concurrencer les montres et bracelets connectés. Dans la veine des vêtements intelligents, cette veste et ses fils conducteurs bousculent aussi la technologie jusque-là utilisée, celle de l’intégration plus complexe et coûteuse de nano capteurs directement dans le tissu.
Les tissus intelligents pour le secteur de la santé
La santé est un secteur important pour le développement de l’IoT et des tissus connectés. En France, pour la prévention des crises d’épilepsie et le suivi à distance, une quarantaine de centres hospitaliers travaillent avec un Neuronote, soit un tee-shirt et un bonnet intégrant des électrodes portés par le patient (ci-dessous). Les données sont envoyées à une plate-forme numérique de télé-expertise. La solution a été développée par BioSerenity, une start-up française incubée à l’hôpital de la Salpêtrière à partir de 2014.
La société @-Health lance quant à elle cette année CardioNexion, un dispositif médical pour la détection de troubles cardiaques. Des capteurs amovibles sont à intégrer dans le sous-vêtement du patient pour une utilisation en toutes circonstances. Les données sont transmises en temps réel puis analysées grâce à un algorithme et des opérateurs dans un centre de surveillance. Le médecin traitant et le patient sont immédiatement alertés en cas d’anomalie.
Le marché des tissus intelligents décollera d’ici 2020
Pour les sportifs et le fitness, la surveillance des bébés, les opérateurs de terrain, les militaires, la logistique comme la gestion des services de blanchisserie pour l’hôtellerie, les tissus intelligents trouvent leurs usages, majoritairement sur la base de nano capteurs intégrés ou de RFID.
En France, Mulliez-Flory, l’un des leaders du vêtement de travail mise sur les nouvelles technologies pour protéger les personnels de terrain. À Lyon, capitale historique du savoir-faire textile, l’heure est aussi à la transformation numérique et à la convergence avec l’IoT. Le cluster Techtera dédié aux textiles techniques s’est récemment doté d’un club ‘’smart textiles & wearables’’ pour dynamiser les projets collaboratifs autour des tissus intelligents.
En 2015, Google faisait partie des grands acteurs en devenir dans ce domaine des tissus intelligents, selon le cabinet d’étude Markets and Markets. Les fils conducteurs et la veste développée par Google et Levi’s prouvent qu’un cran d’innovation supplémentaire a été franchi en 2 ans.
En 2020, les revenus provenant de ce marché sont estimés à près de 4,6 milliards d’euros, ceux générés globalement par l’IoT en France à 15,2 mds€ d’après l’Institut Montaigne et A.T. Kerney. Mondialement pour 2025, Machina Research avance le chiffre de 2 700 Mds€ de revenus pour tous les segments de l’Internet des Objets.
Sources : The Verge, NextInpact, Le Point, Markets and Markets, Les Echos, Industrie & Technologies