L’Open Data ou l’accès aux données publiques est devenu en France un droit inscrit dans la Loi pour une République Numérique. Questions : quelles sont les données désormais accessibles aux citoyens et à quoi peuvent-elles leur servir ?

La loi numérique, votée en France en 2016 impose entre autres, la généralisation de l’ouverture des données des collectivités territoriales, et progressivement d’ici 2018, des collectivités locales, supérieures à 3 500 habitants. Cette loi entend par données publiques, comme le précise le portail Vie Publique un vaste champ incluant :

  • Tous les documents administratifs, les données sur les délégations de services publics (transport, eau, gestion des déchets), celles relatives à la production et à la consommation d’énergie (gaz et électricité)
  • Les algorithmes utilisés par exemple pour le calcul des impôts ou l’affectation des élèves dans les établissements scolaires et d’enseignements supérieurs
  • Les données présentant un intérêt économique, social, sanitaire ou environnemental, etc.

Les applications concrètes des collectivités pionnières

Bien avant cette loi, plusieurs territoires et communes avaient déjà innové en matière d’Open Data. Souvent citées, la métropole de Rennes, la ville d’Issy-les-Moulineaux ou Paris ont amorcé dès 2010 ce grand virage numérique vers l’ouverture des données publiques. Certaines de leurs initiatives servent de projets pilotes pour la généralisation de l’Open Data en France et la diffusion de bonnes pratiques.

– À Rennes, 235 jeux de données sont actuellement accessibles et couvrent des domaines très variés : occupation et tarifs des parkings publics, nombre de vélos en libre-service, menus des cantines scolaires, données budgétaires de la ville, fréquentation du Musée des Beaux-Arts, données sur la gestion des déchets, etc. Pour les citoyens de la métropole, l’Open Data permet par exemple d’accéder à une carte interactive des stationnements ou à l’application mobile ‘’Y’a des Frites !’’. Grâce à Y’a des Frites !, les parents des villes de Rennes et Saint-Malo peuvent connaître les menus proposés à leurs enfants à la cantine sur une période de 2 mois environ.

– La ville de Paris met à disposition quelque 178 jeux de données répartis dans des catégories comme la mobilité et les espaces publics. Toutes catégories confondues, parmi les jeux de données les plus populaires, arrivent en tête ceux relatifs aux stations Vélib et AutoLib avec plus de 4 millions de téléchargement. En sont issues une multitude d’app mobiles pour les amateurs de vélo ou de voitures électriques dans la Capitale. Et à plus grande échelle, ces données sont utilisées par Apple ou Google pour positionner les stations sur la cartographie iOS ou Google Map, avec des infos complémentaires sur la fréquentation et la disponibilité des véhicules selon les horaires et la possibilité d’intégrer ce mode de transport dans le calcul d’un itinéraire intégrant vélo, métro, bus ou parcours à pied.

 

– À Issy-les-Moulineaux, l’Open Data est pratiqué depuis 2012 et 150 jeux de données sont en ligne. Ils sont par exemple utilisés pour localiser dans la commune : les pharmacies, les restaurants, les accès internet et WiFi, les défibrillateurs, les bâtiments qui se distinguent par leur qualité environnementale ou les principales dépenses de la ville en équipements (ci-dessous).

L’Open Data, un mouvement pour la transparence de la vie publique

Pour le citoyen lambda, évidemment, les données publiques brutes représentent un intérêt tout relatif. Seul leur traitement, comme les exemples ci-dessus, sous forme d’app, de graphiques ou de statistiques interactives, mises à jour régulièrement, voire en temps réel pour certaines données comme celles des transports ou de la qualité de l’air apportent un réel plus au quotidien.

Mais de très nombreuses autres applications plus analytiques et complètes sont possibles pour améliorer la gestion, l’environnement, l’urbanisme, les politiques de santé d’un territoire ou pour apporter aux citoyens une plus grande transparence sur la vie démocratique. C’est par exemple la mission que s’est fixé le collectif Regards Citoyens en synthétisant  l’activité des députés, le bilan parlementaire du dernier quinquennat ou les interventions des sénateurs sous forme de site Web.

Exploitées, selon des conditions juridiquement très encadrées, par des collectivités, des associations ou des entreprises privées, ces données publiques représentent en fait une nouvelle et extraordinaire manne au service de l’intérêt général. Et pour accélérer ce grand mouvement, l’association OpenData France a été missionnée afin d’accompagner les initiatives des collectivités locales, de les mutualiser et aussi de former les agents publics. OpenData France travaille entre autres, en collaboration avec Etalab, service du Premier Ministre, mandaté pour l’ouverture des données gouvernementales.