Les ‘’digital therapeutics’’ ou solutions médicales connectées, entre autres les applis mobiles, ont été une fois encore bien représentées au CES 2018. Elles témoignent d’un intérêt de plus en plus marqué des patients, médecins et institutions pour l’e-santé. Reste à concrétiser à grande échelle les tentatives de normalisation pour garantir leur pertinence.   

C’est le grand boom. Plus de 300 000 applications dites de santé ont été recensées début 2017, sur les plateformes comme Google Play ou l’Apple Store. Et le phénomène s’amplifie chaque jour. Sur le marché des ‘’digital therapeutics’’, les solutions mobiles et connectées  annoncées en forte croissance d’ici 7 ans tournent autour du maintien à domicile et du suivi des personnages âgées, de la prévention, de la gestion des maladies chroniques, et particulièrement du diabète, selon le rapport Crystal Market Research.

L’ensemble du marché mondial représenterait près de 10 milliards de dollars d’ici 2025, d’après les projections Grand View Research. Le taux de croissance est estimé à + 27% annuel jusqu’en 2021, selon MarketandMarkets. Lors du dernier Consumer Electronic Show (CES 2018), près de 15% des sociétés françaises présentaient des produits autour de l’e-santé. Avec son app DiabiLive pour la gestion quotidienne du diabète, Mirambau AppCare est même revenue de Las Vegas avec un CES Innovation Award et un accord de collaboration avec iHealth, l’un des géants américains des objets de santé connectés.

Les apps santé grand public encore en mal de crédibilité

Toutes les apps santé promettent au patient qui sommeille en nous un quotidien plus serein. La fiabilité de ces apps reste encore la question à résoudre. Pourtant, le grand public est prêt pour la santé connectée, et prêt aussi à la payer, selon l’Étude Santé 2017 d’OpinionWay/Deloitte.

En France, évaluer, tester, labelliser ces apps est d’ailleurs le combat que mènent plusieurs structures comme Proxima Mobile, GPM e-Santé du groupe Pasteur Mutualité, MedAppCare, Sanofi ou DMD santé. De son côté, la Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré, avec la CNIL et l’ANSSI, un guide de bonnes pratiques en français et anglais, pour les fabricants d’objets connectés et éditeurs. Une première étape avant un label officiel des instances publiques, toujours très attendu.

La majorité des médecins serait en effet prête à conseiller à leurs patients des applications si elles bénéficiaient d’une évaluation indépendante, comme l’indique le baromètre Egora, réalisé auprès d’un panel de médecins généralistes et spécialistes.

De plus en plus d’apps aussi pour les professionnels

Médecins et professionnels de santé disposent également d’un choix, certes plus restreint, d’applications gratuites et également payantes, à télécharger sur smartphone et tablette, iOS ou Android. Elles visent à faciliter leur pratique et les aider à la décision.

Généralement, ces applications sont conçues sous la houlette d’organismes tels que les centres hospitaliers, des comités d’experts comme Antibioclic, dérivé du site web éponyme, les laboratoires ou éditeurs logiciels impliqués dans le secteur de la santé.

À titre d’exemple, pour les infirmiers et infirmières, le portail dédié à leur métier liste un grand nombre d’outils, utiles dans leur quotidien. Ils couvrent aussi bien les soins d’urgence, l’anesthésie, la réception d’ordonnances, le suivi de plaies, l’évaluation de la douleur ou l’accès aux résultats d’analyses biologiques.

Un agrément pour les Dispositifs Médicaux Connectés (DMC)

En France, les DMC sont une catégorie plus encadrée et ces dispositifs médicaux connectés sont évalués selon une procédure très stricte imposée par la Haute Autorité de Santé. Les DMC englobent des équipements, logiciels et services connectés sur un appareil mobile, un portail web et/ou communiquant des flux de données entre systèmes. Ils doivent avoir une finalité médicale, (diagnostic, thérapeutique, contrôle), être utilisés entre le patient et les professionnels de santé qui l’accompagnent, dans et hors établissements de santé. Après l’obtention de la certification CE, leur agrément, long et coûteux permet une prise en charge par l’Assurance Maladie. La Haute Autorité de Santé complétera ce cadrage d’ici fin 2018 avec une évaluation des systèmes de télésurveillance, de plus en plus complexes car s’appuyant sur les méandres de l’intelligence artificielle.

Sources : La Tribune, Crystal Market Research, Grand View Research, MarketandMarkets, HAS, Agence Régionale de Santé Ile de France, Egora, Infirmiers.com, TICPharma